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Racisme systémique: les entrepreneurs doivent passer de la parole aux actes!

2020-06-04

6 minutes

Dorothy Rhau

Diversité



Dorothy Rhau

Diversité


En pleine vague de soulèvements et de manifestations de BlackLivesMatter, suscitée par le meurtre de George Floyd, deux femmes noires travaillant dans l’industrie musicale, Brianna Agyemang et Jamila Thomas, ont créé le mouvement #BlackOutDay, incitant les gens à réfléchir et à trouver des pistes de solutions pour faire avancer la solidarité envers les communautés noires. 

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À PROPOS DE L’AUTEUR(E)

Née à Montréal et d’origine haïtienne, Dorothy Rhau s’est fait connaître en tant que première femme noire humoriste francophone au Québec et au Canada. En décembre 2016, elle réunit une équipe et crée le Salon International de la Femme Noire (SIFN), un nouveau projet d'entrepreneuriat social.

Née à Montréal et d’origine haïtienne, Dorothy Rhau s’est fait connaître en tant que première femme noire humoriste francophone au Québec et au Canada. Elle a notamment travaillé sur son deuxième spectacle solo en collaboration avec Encore Spectacle, groupe de divertissement intégré basé à Montréal. Elle a fait les avant-premières de Mario Jean jusqu’à ce qu’elle décide, en juillet 2018, de se concentrer sur son implication sociale, notamment comme présidente de l’organisme à but non lucratif d’Audace au Féminin. En décembre 2016, elle réunit une équipe et crée le Salon International de la Femme Noire (SIFN), un nouveau projet d’entrepreneuriat social. Depuis la première édition de 2018, le salon revient à chaque année avec la vision de faire de Montréal, la mecque des femmes noires du monde entier.

Grâce à son ancienne vie de responsable en ressources humaines, Dorothy s’entoure d’une équipe exceptionnelle pour construire cet événement en constante évolution qui vise à mettre en lumière les femmes noires qui brillent dans l’ombre. Lorsqu’on côtoie Dorothy Rhau, on comprend mieux pourquoi le leitmotiv du salon est: «n’aie pas peur, OSE!»

Dorothy Rhau

À PROPOS DE



Après avoir publié un carré noir sur mes réseaux, je suis tombée sur la chronique de Nicolas Duvernois, Racisme systémique : les entrepreneurs doivent prendre parole. Le titre accrocheur a suscité en moi une petite lueur d’espoir. Je me suis dit: wow, il va sûrement parler des inégalités que subissent les Noirs. Je n’ai rien vu sur le sujet. Son titre incite les entrepreneurs à prendre parole. Il cite la prise de position de Nike dans l’affaire Kaepernick. Ce qui soulève en moi cette question: avons-nous des exemples au Québec d’entreprises qui ont démontré leur solidarité envers les communautés noires et qui ont pris position contre le racisme ? La seule qui me vient en tête, c’est la lunetterie New Look qui avait renvoyé une employée raciste en mars 2018.





Faire une différence


Le #BlackLivesMatter est né d’un ras-le-bol de la violence policière et du racisme systémique que subissent les Noirs. Permettez-moi donc, à mon tour, chefs d’entreprise et de corporations, de vous proposer des façons de faire une réelle différence dans la vie d’un(e) Noir(e).

D’abord, regardez autour de vous et dites-moi si parmi vos esprits créatifs, il y a une ou des personnes afro-descendantes? Si oui, connaissez-vous leurs noms? Les postes qu’ils ou elles occupent? Qu’en est-il de leur salaire? Y a-t-il un écart avec les autres employé(e)s? Je demande parce que Statistiques Canada a sorti récemment plusieurs données démontrant la disparité salariale entre les Noirs et les Blancs.

Certains employeurs sont fiers d’exhiber la diversité au sein de leurs équipes, mais plus on grimpe les échelons de l’entreprise et plus on constate qu’ils se raréfient. À quand remonte la fois où vous avez promu un(e) noir(e) à un poste décisionnel?

Si vous prenez conscience qu’il n’y a pas de Noirs dans votre entreprise ou dans vos postes décisionnels… demandez-vous pourquoi et agissez vers un changement.





7 actions concrètes pour soutenir les communautés noires


Voici donc sept actions concrètes pour entrepreneurs et dirigeants de corporation afin de démontrer leur soutien aux Noir(e)s en cette période mouvementée du #BlackLivesMatter


1. Faites circuler à l’interne une lettre s’adressant à vos employé(e)s et rappelez-leur vos politiques en matière de racisme et de discrimination. Vous n’imaginez pas quel réconfort cela aura sur eux surtout sur ceux qui sont racisées.


2. Impliquez vos employés afro-descendants dans les réunions, invitez-les à des 5@7, confiez-leur des projets qui leur permettront de se démarquer. Félicitez-les publiquement de leur accomplissement.


3. Appuyez financièrement des organismes et/ou des projets qui touchent les communautés noires. Créez des partenariats. Devenez des alliés.


4. Diversifiez vos fournisseurs. Pourquoi ne pas offrir une opportunité d’affaires à un afro-entrepreneur(e)?






5. Démontrez publiquement votre solidarité au mouvement #BlackLivesMatter


en émettant un communiqué ou un visuel sur vos réseaux sociaux. Comme l’ont fait Hydro-Québec, Air Canada et Tristan sur leurs réseaux sociaux ou Trois fois par jour qui s’est engagé jusqu’au 5 juin à doubler les profits de sa boutique en ligne pour verser à des organismes de soutien à la communauté noire. C’est pour une «belle cause». Il y a une nuance entre afficher ses couleurs lors du Mois de l’histoire des Noirs et soutenir la cause des noir(e)s. Je rejoins la pensée de Julia Vumilia Vira, responsable des campagnes numériques au sein de C2 Montréal:

«À partir du moment où quelqu’un ou une entreprise reste silencieuse, à partir du moment où elle ne fait rien pour agir à son niveau parce qu’elle “ne se sent pas concernée par ce problème”, c’est qu’elle participe à ce système. Ne pas prendre position, c’est ne pas être anti-racisme; c’est bien là l’objectif de ce mouvement : c’est le moment de prendre position».


6. Sélectionnez un(e) employé(e) afro-descendant(e) pour représenter l’entreprise lorsque vous êtes invité à participer à un panel, une conférence ou à une exposition.


7. Offrez à de jeunes noirs la possibilité de faire un stage dans votre entreprise ou soyez le mentor d’une personne noire.




Étoiles noires


Pour terminer, dans vos moments libres avec vos enfants, faites-leur part des histoires de réussite d’une Dre Yvette Bonny, première femme noire à faire une greffe de moelle osseuse sur un enfant au Québec en 1980 ou plus récemment, d’une Dominique Anglade, première femme noire et première immigrante de première génération à la tête d’un parti au Québec. Dans le milieu des affaires, je pense à cette femme noire, Indira Moudi, de Viandes Lafrance, qui a repris les commandes d’un abattoir fondé en 1929; à Frantz Saintellemy, président et chef de l’exploitation à LeddarTech, fondateur du Groupe 3737 et philanthrope très impliqué auprès des communautés noires; à Macky Tall, chef des Marchés liquides également président et chef de la direction de CDPQ Infra, une filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec; à Cadleen Désir, présidente du conseil d’administration du Groupement des chefs d’entreprise et à Déborah Cherenfant, présidente de la Jeune Chambre de commerce de Montréal (JCCM). Autant d’Afro-Québécois(e)s qui font rayonner le Québec.


Si vos enfants vous voient et savent que vous travaillez avec des collègues noir(e)s, vous aurez plus de chance de les conscientiser à la représentativité des personnes racisées dans leur entourage. Lorsque, plus tard, ils recevront un CV, lorsqu’ils auront un(e) gestionnaire noir(e) ou qu’ils seront témoins d’une parole ou d’un geste discriminatoire, ils n’auront plus d’hésitation ou de refus basés sur des biais inconscients. Au contraire, de manière spontanée, ils seront plus enclins à prendre position pour l’égalité de tous.

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