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Mélissa Proulx est une journaliste, chroniqueuse et rédactrice. Elle se consacre avec passion et créativité à l’élaboration de contenus journalistiques riches et variés depuis 2002.

Bachelière en lettres françaises de l’Université d’Ottawa et diplômée en journalisme, Mélissa Proulx avait 21 ans lorsqu’on lui a confié les rênes de l’hebdomadaire culturel Voir Gatineau-Ottawa, une édition régionale qu’elle a dirigé pendant huit ans. Sa route l’a ensuite ramenée vers sa région où elle a été chef de la section Art de vivre du Voir Montréal puis comme rédactrice en chef adjointe du magazine Enfants Québec.

MÉLISSA PROULX

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COVID-19 : VAGUE D’AMOUR POUR LES ENTREPRISES QUÉBÉCOISES

Peu de temps après le déclenchement des mesures gouvernementales pour aplanir la courbe...

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LE BRASSEUR DU COIN

En devenant président, directeur général et actionnaire des BRASSEURS DU NORD, Sébastien Paradis

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Lorsque Sébastien Paradis a senti la première vague de la crise arriver au début du mois de mars, il a loué un chalet au bord d’un lac dans les Laurentides afin que ses jeunes enfants puissent vivre le confinement dans la nature. Il ne pouvait s’imaginer qu’il allait bientôt être isolé de manière prolongée en raison de la fermeture de la région. «Je ne suis pas allé à la brasserie depuis des semaines, avoue-t-il en visioconférence. C’est assez intense d’être le capitaine de bateau dans cette tempête, mais à distance. On se développe des trucs et au bout de quelques semaines, ça devient presque le nouveau normal.»

Des beaux jours à des mises à pied massives

Le PDG de la microbrasserie avoue être passé par toute la gamme d’émotions ces dernières semaines. «Au début mars, c’était anxiogène de voir ce qui se passait en Europe, en Asie, je me suis mis à imaginer le pire, raconte le papa de deux jumeaux dont la conjointe travaille aussi à temps plein. Au moment où le gouvernement Legault a fermé les entreprises, c’était la folie. Les informations entraient au compte-goutte. J’ai passé six heures au téléphone pour savoir si on était un service essentiel.»

À l’instar de la SAQ, les brasseries se classaient parmi les services essentiels. Or, les Brasseurs du Nord voyaient 40% de leurs revenus disparaître, soit ceux liés à leurs partenaires des bars et de la restauration. Sébastien Paradis a donc dû mettre à pied 40% de ses employés, et ce, en moins de 48 heures. «Un mois avant, notre entreprise était en pleine croissance. On disait à nos employés que nous n’avions jamais connus de si beaux jours. Certains employés ne l’avaient pas vu venir et étaient complètement sur le dos.»






Il avoue avoir frappé un autre mur lorsqu’il a réalisé que l’industrie des bars et de la restauration sera sur pause de manière très prolongé et ne sera probablement plus jamais la même. «Le consommateur va être cicatrisé longtemps par cette pandémie, avance-t-il. Notre modèle d’affaires reposait beaucoup sur les consommateurs sur place (CSP), une grosse part de notre business perdu du jour au lendemain. On devait donc stratégiquement repenser le modèle en fonction du consommateur post-Covid alors que la confiance reviendra dans un horizon de deux ans et plus. »

D’abord, communiquer

Sur la défensive et déboussolé, Sébastien ne dormait plus. Jusqu’à ce qu’il change d’état d’esprit et se mettre en mode « offense » (pour prendre l’analogie sportive): «ceux qui feront de bonnes actions et qui trouveront les bonnes occasions seront ceux qui géreront le mieux la crise », se convainc-t-il. Rapidement, les choses se mettent en place. «Je suis alors entré dans une phase plus positive où je me sentais en contrôle. J’ai sécurisé le cash flow, j’ai coupé dans les dépenses et j’ai pris mon erre d’aller.»








Rapidement, il fait le pari de faire preuve de transparence. «Nous allons essayer de passer au travers, mais ce n’est pas sûr», avouait-il à ses employés.

Visioconférences tous les jours avec son équipe de direction. Tête-à-tête virtuel avec son maître brasseur tous les mercredis soirs pour déguster une bière et parler innovation. Création d’une infolettre hebdomadaire pour les employés qui fait un survol de tous les départements avec photos, vidéos et un éditorial qu’il signe. Petits rendez-vous impromptus sur Hangouts, le temps d’un café, question de reproduire la conversation autour de la distributrice à eau… «Je lis comme jamais sur les bonnes pratiques pendant la COVID. Je glane des petites choses ici et là. Je réalise que si je veux sortir de cette crise avec cette équipe, elle doit se sentir mobilisée et impliquée.»

Ses gestes portent fruit puisque la totalité des 20% des employés qui ont été rappelés ont répondu présent. Seuls les bureaux administratifs pratiquent toujours le télé-travail, tel que conseillé par la santé publique.

«L’adaptation aux changements en usine peut être difficile et longue. Or, en trois semaines, on a complètement transformé les façons de faire avec visières, plexiglas, entrées et sorties différentes, etc. Les employés ont bien accepté et même salué les changements. Les habitudes des livreurs aussi ont complètement revus. La chaîne de cannes et de bouteilles a été divisée. Des changements qui sont tous là pour rester.»








Solidaire plus que jamais

Les ventes en épicerie étaient en forte hausse, portées notamment par le mouvement d’achat local dont fait partie la campagne #onseserrelescoudes à laquelle il a participé. En adoptant un ton empathique sur les réseaux sociaux, le PDG a voulu se montrer sensible à ce que vivent les gens, avec l’angle local, mais aussi de plaisir de la dégustation, de la relaxation, de petit moment de bonheur dans la journée…

Un programme d’innovation a été mis sur pied: chaque semaine une nouvelle bière est lancée. Ils ont aussi développé un projet de sept bières collaboratives qui met à contribution des artisans et entrepreneurs touchés de plein fouet par la crise. La Traversée, la première, met de l’avant le café espresso d’Humble Lion et le miel de fleurs sauvages d’Intermiel alors que l’étiquette est signée par Cécile Gariépy. «Ce sont tous des projets très inclusifs et solidaires, qui nous ressemblent.»

A-t-il encore peur de ne pas passer au travers? «Non, parce que nous avions la chance d’être dans une bonne situation financière. Tout le monde n’a pas cette chance dans l’industrie des microbrasseries», rappelle-t-il pour conclure.

SÉBASTIEN PARADIS EN MODE OFFENSIF

2020-05-07

MÉLISSA PROULX

5 minutes

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Depuis le déclenchement de la crise de la COVID-19 au Québec, Sébastien Paradis, PDG des Brasseurs du Nord – Bières Boréale, a fait le nécessaire pour préserver le lien et renforcer le dialogue avec ses employés et ses clients.

À PROPOS DE L’AUTEUR(E)

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