
Gestionnaire de communauté
Florence Thouin est bachelière en communications (stratégies de production culturelle et médiatique) à l’Université du Québec à Montréal. Son intérêt pour l’univers des réseaux sociaux découle d’abord de son amour pour les gens et de sa facilité à communiquer. Son souci à vouloir comprendre les autres et son altruisme l’a mené à être toujours en contact avec la communauté qui s’active autour d’elle.
FLORENCE THOUIN
À PROPOS DE
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Mon trésor à moi est constitué de centaines de pages et de milliers de mots.
Du plus loin que je me souvienne, les livres ont toujours fait partie de ma vie. Les malheurs de Sophie a été mon premier bouquin offert par «Maman et Papa xxxx». Je l’ai retrouvé récemment, entassé dans une pile de livres à donner et je n’ai pu nier son vécu: les pages ont jauni, la couverture est bien usée. Je l’ai rescapé. Sans pouvoir m’expliquer pourquoi, j’accorde une valeur sentimentale à tous ces livres qui m’ont appartenu et que j’ai précieusement gardés. Ils racontent à la fois l’histoire qu’ils contiennent, mais aussi un peu la mienne: du moment où je les ai achetés jusqu’à l’instant où je les ai mis de côté, sur les tablettes de ma bibliothèque.
Peu à peu, j’ai délaissé les après-midis de magasinage entre amies pour faire du lèche-vitrine devant les librairies. Plus jeune, je n’avais pas encore compris la différence entre les librairies indépendantes et les grandes chaînes de magasins de ce monde. Ce qui m’importait réellement, c’était de mettre la main sur le dernier Gavalda (qui reste à ce jour mon écrivaine coup de coeur) ou le plus récent Levy. Puis, je me suis mise à la littérature québécoise, à temps partiel. Contrairement à certains de mes camarades de classe, j’avais tendance à dévorer les livres d’ici qu’on mettait de l’avant lors de mes cours de français. J’y ai fait la rencontre des Tremblay, Lessard, Demers, Roy pour ne nommer que ceux-ci et j’ai pris goût à cette écriture de chez nous. Je suis alors partie à la recherche de leurs semblables et je ne me suis jamais trouvée mieux servie que dans nos petites librairies.
Je ne me souviens pas exactement du premier libraire indépendant que j’ai visité. Je me souviens toutefois que l’odeur n’était pas la même: ça sentait le papier, et non le plastique. Leur présentoir d’entrée, c’était «Nouveauté d’ici», juste devant «Auteurs indépendants». Il n’y était pas question de tablettes de jouets ou d’articles de cuisine. Il n’y a là-bas que du papier et du bois pour le supporter.
«VOUS CHERCHEZ QUELQUE CHOSE, MADEMOISELLE?»
«TOUT, N’IMPORTE QUOI, SURPRENEZ-MOI. J’AI SOIF DE MOTS ET D’ÉVASION.»
Je n’ai jamais été déçue par la recommandation d’un libraire. Quand leurs doigts parcourent les rayons qu’ils connaissent par coeur – sans l’aide d’un ordinateur – à la recherche d’une perle rare, je me sens entre bonnes mains. Ils ont ce don de mettre en valeur les plus jolies couvertures de livre pour taper l’oeil des personnes comme moi qui se laissent tenter par le beau. Que voulez-vous, c’est plus fort que moi!
Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai pris le dernier exemplaire d’un livre sur un présentoir. J’avais entendu parler de cet ouvrage encensé par la critique et il se devait d’être le prochain ajout à ma collection. Je me suis retournée vers le responsable et je me suis excusée:
«HEU, PARDONNEZ-MOI. J’AI VIDÉ VOTRE PRÉSENTOIR, DÉSOLÉE…»
«NE VOUS EN FAITES PAS MADAME, IL DEVAIT VOUS ATTENDRE.»

Entre les murs de ces entrepreneurs dévoués, j’ai découvert la poésie québécoise, à la fois douce pour le coeur et pour l’âme. J’ai déniché des romans qui m’ont fait rire, pleurer, rêver, qui m’ont inspiré et qui ont forgé ma façon de penser. Quand je sors mon portefeuille à la petite caisse, je n’éprouve aucun pincement au coeur, même si je sais que je dépense quelques pièces de plus chez les libraires: chaque dollar dépensé me revient, indirectement. J’investis dans un service exceptionnel, dans un choix vaste et diversifié et, bien entendu, dans une culture littéraire locale, riche et vivante.
Quand je mets les pieds dans les magasins à la chaîne, je ne retrouve pas cette convivialité et cette bienveillance. Entre vous et moi, je n’ai jamais vécu une belle histoire qui commence par: «Hier, j’étais sur Amazon. J’y ai commandé un livre que je vais recevoir dans quelques jours (sans l’avoir palpé, tâté, feuilleté…) et c’était plaisant! »
«Vous avez trouvé tout ce que vous cherchiez?»
«Oui, merci de votre aide, je n’y aurais jamais pensé. J’ai déjà hâte de le lire!»
Ode aux libraires d’ici
2019-06-09
FLORENCE THOUIN
4 minutes

Les libraires indépendants sont des entrepreneurs créatifs au service des esprits vifs, des grands curieux et de toute personne à la recherche de réconfort dans le «ailleurs, et pourtant si proche» que nous procurent les livres. Pour mille et une petites raisons, je leur voue une admiration sincère et sans limites.
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