
Mélissa Proulx est une journaliste, chroniqueuse et rédactrice. Elle se consacre avec passion et créativité à l’élaboration de contenus journalistiques riches et variés depuis 2002.
Bachelière en lettres françaises de l’Université d’Ottawa et diplômée en journalisme, Mélissa Proulx avait 21 ans lorsqu’on lui a confié les rênes de l’hebdomadaire culturel Voir Gatineau-Ottawa, une édition régionale qu’elle a dirigé pendant huit ans. Sa route l’a ensuite ramenée vers sa région où elle a été chef de la section Art de vivre du Voir Montréal puis comme rédactrice en chef adjointe du magazine Enfants Québec.
MÉLISSA PROULX
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Anne-Sophie Riopel-Bouvier est pilote et instructrice dans les Forces armées canadiennes. Avec son père, elle est la cofondatrice de l’entreprise EXO Tactik qui offre un service de soutien aérien spécialisé en sécurité publique par drone.
Souad Elmallem s’est joint à Bombardier Aéronautique en 2011 où elle a grimpé les échelons jusqu’à devenir représentante en chef en appui aux unités d’affaires en 2001. Elle dirige aujourd’hui 6temik, une entreprise de conseil soutenant les industriels et les investisseurs intéressés par le développement international.
À quels défis les femmes évoluant dans des domaines non traditionnels font-elles encore face aujourd’hui?
Anne-Sophie Riopel-Bouvier : Il y a de moins en moins de défis plus on avance dans nos carrières, nous avons fait un bon bout de chemin, mais il reste encore beaucoup de non-dits et de sentiments pas réglés. À ma sortie de l’université, lorsque j’allais rencontrer des clients seule, ils me demandaient : où est ton père? J’étais la fille de Stéphane, et ce, même si j’allais animer une conférence sur un sujet que je maîtrise mieux que lui. Il arrivait que des clients ne me regardent pas du tout. J’ai souvent l’impression que je n’ai pas le droit à l’erreur. Je dois travailler plus fort et faire mes preuves.
Souad Elmallem : Dans mon domaine, les femmes peinent à se frayer un chemin et ça me peine de voir que les hommes ne laissent pas la place aux femmes, que ce soit de manière consciente ou inconsciente. Avec mes différentes implications, j’essaie de contribuer afin d’améliorer les choses.
Avec quelle attitude bravez-vous cette sous-représentation?
Anne-Sophie Riopel-Bouvier : Plutôt que d’en faire une affaire personnelle, j’essaie de prendre les remarques avec philosophie. J’ai parfois eu des attaques verbales ou des allusions sexuelles. J’essaie alors de faire mon travail en ignorant le comportement.
J’essaie de rester moi-même avant tout. Lorsque je suis en uniforme, je me maquille, je me fais une belle tresse. Mon surnom dans les Forces, c’est princesse. Je suis fière d’afficher ma féminité parce que c’est ce que je suis et que ça montre aux jeunes filles que c’est possible.
Souad Elmallem : Quand j’étais petite, vers 11 ou 12 ans, mon père tenait des réunions avec des amis à la maison et j’installais pour être à ses côtés. Je cherchais souvent à placer un commentaire que les autres adultes ignoraient. Mon père les interrompait pour me laisser parler. Je disais sûrement des banalités, mais il agissait comme si c’était important. Grâce à cette confiance acquise très jeune, je n’ai jamais été impressionnée par aucun boys club. Il faut donner à nos filles une éducation très solide pour éviter des maux plus tard.
Je ne me suis jamais dénaturée. Je n’ai jamais essayée de parler comme un homme. Je me respecte en tant que femme. Pour être acceptée dans le boys club, j’ai dû travailler plus fort pendant des années. À l’intérieur d’une organisation, je trouve que c’est pire que lorsqu’on est en affaires. Aujourd’hui, mes clients ont besoin de mes services, de mon expertise et non le contraire. Je n’ai plus le sentiment que je dois constamment faire mes preuves.
Comment attirer plus de femmes dans vos domaines?
Anne-Sophie Riopel-Bouvier: Je pense qu’il est essentiel que les femmes aient plus de services, plus de souplesse et de flexibilité afin de concilier vie professionnelle et familiale. J’aimerais un jour devenir pilote de ligne. Comment vais-je être perçue dans mon milieu ou dans l’entreprise si je prends une pause pour avoir un enfant?
Souad Elmallem : Je pense qu’il faut exposer les fillettes très tôt aux domaines non traditionnels. C’est là où l’on se découvre et où nos intérêts se développent. Par la suite, il faut les encourager, les pousser et les soutenir.
Comment mieux les accompagner?
Anne-Sophie Riopel-Bouvier : Il faudrait que les femmes accueillent d’autres femmes dans ces domaines. En ce moment, j’ai davantage l’impression qu’elles se font compétition comme les places sont limitées, mais ce n’est pas vrai qu’elles le sont. Il faut s’entraider entre nous et nommer ce dont nous avons besoin.
Souad Elmallem : « Il y a différentes initiatives comme celles de Femmessor qui ont pour mission d’aider les femmes à progresser. Par contre, je trouve dommage que d’autres programmes de soutien soient si restrictifs qu’ils ne cadrent pas avec une majorité de femmes. On a une pensée souvent trop simpliste et court-termiste dans l’écosystème entrepreneurial. De plus, il importe de bien encadrer les femmes pour les aider à identifier elles-mêmes leurs besoins et à leur faciliter l’accès à des ressources essentielles à leur développement. »
« Devant un financier, une femme est souvent jugée en fonction de sa feuille de route, mais rarement en fonction de son potentiel. » – Souad Elmallem
Entreprendre et oeuvrer dans des mondes d’hommes
2019-11-28
MÉLISSA PROULX
5 minutes

Depuis le début de leur carrière, Anne-Sophie Riopel-Bouvier et Souad Elmallem évoluent dans des secteurs à prédominance masculine. L’une en aéronautique, l’autre en aviation et technologies de l’information. Entrevue croisée avec deux entrepreneures qui ont du cran.
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