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Rédactrice, analyste, critique, Isabelle Naessens est une femme réfléchie, engagée et versatile qui a œuvré en relations internationales avant de se tourner vers la communication. Stratège relationnelle créative, elle se joint à l’équipe de Henkel Média en tant que rédactrice principale et créatrice de contenus.
ISABELLE NEASSENS
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ALEXANDRA BASTIEN, A FLEUR DE PEAU
Avec les salles de spectacles, musées et centres d’exposition fermés, les festivals


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DEMAIN DEMAIN | SAUVER LA PLANÈTE ET NOS JEUNES
Demain Demain est une jeune entreprise écoresponsable jusque dans la moelle.


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Local, éthique, authentique et transparent
Chez Marigold, un atelier-boutique épuré aux murs blancs éclairés profusément, les pièces sont rangées par teintes, et on sait juste au toucher que c’est de la qualité haut de gamme. Au prix aussi, quoique ce n’est pas sans raison. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil sur l’étiquette. Et on est loin du petit price tag carré : ici, le prix se lit comme un livre et se décline comme suit : le matériel, la coupe, la couture et la création, mais aussi le nombre de pièces de la collection et les coûts opérationnel, de fabrication et de la matière première.
« La transparence dans les prix, c’est une de mes valeurs fondamentales. Ça aide à comprendre d’où l’on vient. Tous les jours, je prends le temps de conscientiser le consommateur ; c’est l’avantage d’avoir un magasin et des contacts directs », assure la propriétaire du lieu qui a pignon sur rue à Verdun, depuis deux ans.
Celle qui est aussi directrice artistique avait lancé sa première ligne à partir de son petit atelier en 2013 et distribuait dans plusieurs points de vente à travers le pays. Auparavant, elle avait travaillé dans l’industrie, question de prendre du galon. « Mais ça m’a écœuré ! Ouf, à chaque saison, une mode… La surproduction de vêtements ne peut plus continuer.
Je prône la slow fashion, une mode locale, éthique, loin du jetable, qui reconnaît le travail de toute la chaîne de production. Ici, on donne une nouvelle vie à toutes les retailles de coupe et aucun vêtement n’est jeté. Si jamais il y avait une altération dans le produit, le client ramène et on répare ! », lance la patronne.

Un peu à l’image de Lila Rousselet, qui avec son entreprise Montloup fait la place belle à la mode responsable, Marilyne est une grande passionnée du sujet. La fibre textile coule tout naturellement dans ses veines. Sa grand-mère, chapelière, avait annexé une boutique à sa maison quand elle s’était retrouvée veuve avec ses trois enfants. Elle s’était retroussé les manches et avait confectionné des robes de mariée. Le père de Marilyne, chasseur-trappeur, avait appris à sa fille à coudre des mitaines à la main dans la fourrure. « J’ai une aiguille entre les doigts depuis vraiment toute petite. Je cousais des robes pour mes poupées. J’ai toujours su que je ferais du design de mode. Je rêvais d’être la Coco Chanel du Québec ! À l’âge de sept ans, j’étais dans une école de couture. Et ma première robe de mariée, je l’ai fait à seize ans ». Ce n’est donc pas un hasard si Marilyne a étudié au cégep Marie-Victorin en design de mode, spécialisation fourrure, et à l’école supérieure de mode à l’UQAM, ni même qu’elle ait commencé sa première collection avec des manteaux de luxe de fourrure et de laine, pour laquelle elle est reconnue dans le milieu.
Socialement responsable et engagée
En plus d’avoir des valeurs bien ancrées sur lesquelles baser son entreprise, Marilyne a décidé de pousser plus loin. « Quoiqu’on en dise, la mode, c’est quand même un peu frivole… En fait, on pourrait tous porter des uniformes ! Mais je sais que derrière les vêtements que l’on porte, il y a une question d’identité, de culture, le fait de se sentir bien dans sa peau. Alors pour avoir meilleure conscience, je veux aussi être socio-responsable. Je verse donc un dollar par vêtement vendu à la fondation communautaire d’ici, Le Book humanitaire ».

Marilyne a beau travailler dans le clinquant, elle reste loin de l’artifice. On sent son cœur tout proche. « L’Ukraine ! Je me suis sentie tellement impuissante… Qu’est-ce que je peux faire ? Un soir, j’ai appelé José et Rosa, mon petit couple d’imprimeurs. Au lieu du Fait à Montréal pour de vrai, je leur ai dit qu’on allait écrire La guerre, c’est non ! C’est ma façon de contribuer. Je leur ai envoyé un lot de 80 t-shirts en bambou qui s’en allaient à la vente au gros, déjà coupés et prêts à coudre. En une semaine, tout avait été livré. Il y a une deuxième batch qui s’en vient. J’en ai 250 de vendus à date, et ça continue ».
Marilyne ne prend aucune cote sur les 40 $ que coûte le produit. Ce sont sept dollars pour la confection du t-shirt, cinq pour le tissu, un et demi pour la coupe, trois pour la sérigraphie, plus les coûts d’opération et les frais de livraison. En tout, vingt dollars de frais. Et elle verse les vingt autres directement à la Croix-Rouge. Comme quoi, même les petites entreprises sans lien apparent avec le conflit peuvent prendre position et trouver une manière d’avoir un impact. Peut-être même qu’elle pourra en inspirer d’autres…
CHANDAIL FABRIQUÉ PAR MARIGOLD | « LA GUERRE, C’EST NON ! »
2022-03-21
ISABELLE NEASSENS
5 minutes

Mars 2022. Le monde a les yeux tournés vers l’Ukraine, et le cœur arraché. De nombreuses multinationales ont décidé d’user de leur pouvoir économique en boycottant la Russie. Des géants ont retiré leurs effectifs et fermé leurs points de vente : Apple et Microsoft, McDonald’s et Starbucks, H&M et Ikea, BP et ExxonMobile, même Mastercard y ont suspendu leurs opérations, pour ne nommer que ceux-ci. Chez nous, d’autres grandes entreprises comme Bombardier, Alimentation Couche-Tard, SNC-Lavalin et CAE, entre autres, ont pris le même parti.
Qu’en est-il des PME ? Ont-elles une quelconque influence ? Marilyne Baril, designer-propriétaire chez Marigold, croit qu’elle a son mot à dire. D’ailleurs, elle n’a pas hésité à l’imprimer en lettres capitales sur ses t-shirts : «La guerre, c’est non ! ». Entretien avec une entrepreneure qui inscrit ses valeurs sur toutes ses coutures.
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