2019-08-27
MÉLISSA PROULX
7 minutes

Un mentor, un guide
Des mentors engagés
Pour plusieurs mentors du Réseau M et de la Fondation Montréal Inc., s’engager dans une démarche d’aide et d’accompagnement est une occasion extraordinaire de redonner à la communauté d’affaires. Nous avons recueilli le témoignage de trois d’entre eux pour qui donner du temps est une question d’équilibre.
Anne-Solène Rioult, se construire un réseau
Française d’origine, Anne-Solène Rioult cumule plus de 20 ans d’expérience en affaires en France et au Québec. Son appel pour l’engagement bénévole s’est fait ressentir après une perte d’emploi. «C’était alors naturel pour moi de m’impliquer dans le monde des affaires pour rester active et faire travailler ma matière grise, explique celle qui a créé sa propre compagnie de conseils en développement d’affaires Les FACILitatrices et co-initié l’Université du leadership féminin. Comme entrepreneure, j’aurais aimé avoir ce genre d’accompagnement, mais j’avais de la difficulté à demander de l’aide et les ressources n’étaient pas celles que nous avons aujourd’hui.»
Active bénévolement depuis 10 ans, celle qui supporte surtout les causes des femmes (en tech, en entrepreneuriat) et leur autonomisation financière dans le monde, maximise son impact en faisant annuellement la rotation des organismes pour lesquels elle donne de son temps. Exception faite des mandats de coaching et de mentorat auprès des jeunes entrepreneurs pour Réseau M et la Fondation Montréal Inc. «Ce qu’il y a de séduisant et d’addictif dans ce type d’engagement, c’est de voir l’évolution des gens que l’on a accompagnés. C’est très stimulant de se coller à de jeunes entrepreneurs en démarrage qui ont les yeux brillants, qui sont embrasés par la passion.»
Depuis peu, le mentorat est une nouvelle corde à son arc. «C’est un bon complément au coaching qui me permet d’approfondir davantage le savoir-être, plutôt que le savoir-faire. J’ai d’ailleurs dû taire la coach en moi pour laisser émerger la mentore.»
Si Anne-Solène Rioult avait su à quel point le bénévolat d’affaires était important pour le réseautage, elle en aurait fait bien avant, concède-t-elle.
«Comme immigrante, je le recommande à tous pour se sentir utile, pour accomplir de grandes choses et pour augmenter son capital réseau. J’ai rencontré des personnes extraordinaires que je peux appeler à tout moment pour un renseignement ou de l’aide. J’ai des valeurs communes avec elles et je sais qu’elles vont toujours être là pour moi. Être bénévole permet de créer une communauté et c’est pour moi l’aspect le plus valorisant.»
Paul Lapensée, transmettre ses valeurs
Pour Paul Lapensée, président d’Alta Vista Consultants Inc., l’implication bénévole a commencé avant même qu’il se trouve sur le marché du travail. Durant ses années universitaires, il était impliqué dans deux organisations, dont une concernait les femmes en difficulté et l’autre les jeunes garçons en manque de repères. «Je pense que j’ai toujours eu une conscience sociale très aiguisée, observe celui qui cumule 40 ans d’expérience dans l’industrie de l’énergie, dont 30 comme cadre supérieur. À l’âge de 10 ans, j’étais membre de Pollution Probe, je vendais des pins dans les centres d’achat pour amasser des fonds pour contrer la pollution.»
Pour ce bénévole très actif qui multiplie les causes, la relation d’aide s’est par la suite transposée au milieu des affaires. « J’ai eu la chance de travailler pour de grandes entreprises comme Shell qui avait à cœur d’encadrer ses employés et de les accompagner tout au long de leur carrière. Après avoir moi-même été soutenu, j’ai gravi les échelons et j’ai à mon tour guidé mes employés à grandir à travers des projets communs.»
M. Lapensée a initié ses enfants très jeunes à l’action bénévole avec l’accueil de deux chiens Mira notamment. «Lorsqu’ils avaient 10 ou 11 ans, je les ai emmenés faire du bénévolat avec moi dans les CHSLD, ajoute-t-il. En observant mes interactions avec les résidents, mon fils m’avait alors dit : Papa, je ne savais pas que tu étais comme ça! Cela a été une de mes meilleures décisions comme parent. »
En s’impliquant avec le Réseau M et la Fondation Montréal Inc., Paul Lapensée a confirmé que le mentorat était depuis longtemps dans son ADN. «L’accent n’est pas mis sur l’entreprise, mais l’accompagnement général de l’entrepreneur. Cela est venu valider que, comme généraliste, je faisais naturellement du mentorat en accompagnant des équipes dans divers domaines. Je prends plaisir à rencontrer ces jeunes qui infusent en moi beaucoup d’énergie.»
«J’aime faire du mentorat dans différents domaines, car il y a toujours un nouvel apprentissage pour moi.»
Sylvie Lamarche, développer de jeunes talents
Gestionnaire, travailleuse autonome, entrepreneure, intrapreneure, Sylvie Lamarche a porté plusieurs chapeaux. L’intérêt pour le bénévolat d’affaires est né après un changement de carrière. «Je me suis fixé comme objectif de donner plus de mon temps. En ce moment, je consacre le tiers de celui-ci à mes actions bénévoles. Je ne suis pas en fin de carrière, mais j’approche et au cours des cinq prochaines années, je souhaite graduellement renverser la vapeur. Tant et aussi longtemps que je serai pertinente comme accompagnatrice ou mentore, je persisterai.»
Aujourd’hui directrice de cabinet du directeur général chez Finance Montréal, Sylvie Lamarche s’intéresse particulièrement au développement des talents des jeunes leaders. «Je trouve que c’est ce qui manque le plus dans les écoles de gestion et en entreprise.»
Ayant tout récemment suivi la formation du Réseau M, Sylvie Lamarche compare le mentorat à une gymnastique remarquable qui fait appel à l’intelligence émotionnelle. «C’est comme faire travailler différents muscles, illustre-t-elle. Comme gestionnaire, leader ou entrepreneur, on a des réflexes de passage à l’action et de performance. Avec le mentorat, il faut être conscients de qui l’on est, de comment on a été formés et de notre « programmation ». C’est notre intelligence émotionnelle qui doit prendre le relais.»
«Il faut travailler avec l’humain et écouter. Ce n’est pas nous qui dictons les règles. Il faut accepter de ne pas avoir toutes les réponses et accompagner les entrepreneurs dans leurs réflexions.»
Trois conseils de bénévoles d’affaires aguerris
«Choisir une activité en lien avec ses valeurs, recommande Anne-Solène Rioult. Et y mettre du temps! Je pense qu’on peut toujours en avoir. Il importe de déterminer cette variable, de se renseigner sur l’ampleur du travail et d’être honnêtes avec l’organisme. Ensuite, il ne reste plus qu’à mettre cet engagement à l’agenda comme on le ferait d’un rendez-vous chez le coiffeur ou le médecin.»
«Pour s’impliquer bénévolement, il faut aimer les gens et être portés vers eux, affirme Paul Lapensée. On ne le fait pas nécessairement pour soi, mais on donne une partie de soi. Il faut choisir des projets qui nous intéressent, qui sont en lien avec nos valeurs et s’amuser!»
«Je suggère de faire un premier pas, peu importe le réseau. On connaît tous des gens qui connaissent des gens qui peuvent nous aider à déterminer où on pourrait s’impliquer. Parler aux gens de son cercle, appeler un organisme, écrire un message sur LinkedIn, bref, amorcer la discussion et, de fil en aiguille, on fait des rencontres et on trouve notre voie.»
Si, comme ces mentors, vous désirez vous impliquer bénévolement et accompagner des entrepreneurs, cliquez ici.
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À PROPOS DE L’AUTEUR(E)

Mélissa Proulx est une journaliste, chroniqueuse et rédactrice. Elle se consacre avec passion et créativité à l’élaboration de contenus journalistiques riches et variés depuis 2002.
Bachelière en lettres françaises de l’Université d’Ottawa et diplômée en journalisme, Mélissa Proulx avait 21 ans lorsqu’on lui a confié les rênes de l’hebdomadaire culturel Voir Gatineau-Ottawa, une édition régionale qu’elle a dirigé pendant huit ans. Sa route l’a ensuite ramenée vers sa région où elle a été chef de la section Art de vivre du Voir Montréal puis comme rédactrice en chef adjointe du magazine Enfants Québec.
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